Les ateliers

L’étain est extrait et utilisé par les hommes depuis l’Antiquité.
C’est au XVIIème siècle et au XVIIIème siècle que cette matière connaît son apogée en France. Ruiné par les guerres, Louis XIV ordonne à tous ses sujets de fondre la vaisselle d’argent. Plusieurs orfèvreries d’étain se développent alors pour orner les tables de l’aristocratie et de la bourgeoisie française. 
Mais c’est à la fin du XIXème siècle, sous l’impulsion des premiers bougnats, issus de l’exode rural, que se développent les premiers cafés, troquets, bistrots parisiens, offrant à boire, à manger, mais aussi du bois et du charbon. Les premiers comptoirs sont protégés par d’épaisses feuilles d’étain au plomb, puis en étain presque pur, parfois simplement clouées sur des planches de bois. Le développement des grands cafés bourgeois apporte peu à peu aux comptoirs leurs lettres de noblesse. Ils rivalisent de beauté, se parant de moulures de plus en plus sophistiquées, pour représenter dignement chaque établissement et exhiber avec fierté la signature des artisans.

Architecte et passionné par ces pièces de métiers d’art, Xavier Lavergne a développé, au début des années 2000, des lignes de comptoirs classiques et des nomenclatures pour mettre en contact certains artisans français avec une société américaine et développer ainsi l’exportation de cet objet légendaire. 
Quelques années plus tard, c’est l’un d’eux, établi au centre de la France et expert incontesté, qu’il a sélectionné pour faire partie des piliers de notre équipe passionnée, chargée de maintenir la tradition, puis couver et donner naissance au comptoir en étain du XXIème siècle.

Cet objectif a nécessité la mise en place de moyens spécifiques pour pérenniser un savoir-faire et le suppléer par des techniques nouvelles permettant de libérer les formes et les surfaces.

Au cœur de l’atelier, les gestes et les techniques s’enchaînent à la manière d’un mécanisme horloger de précision. Lorsque notre menuisier a finalisé la pièce, composée de panneau et moulures, réalisées au fer et assemblées par feuillures, les phases d’habillages peuvent se mettre en place.
L’artisan, maître estaigner de père en fils, a conservé les outils familiaux, et répète avec ses compagnons et apprentis, les gestes ancestraux de dinanderie, en martelant les tôles pour leur faire épouser précisément les formes en bois, par des opérations à plusieurs mains, de chauffage, calage, pliage, enroulage, tournage, poinçonnage. Il les solidarise entre elles en respectant des procédures très précises et délicates de soudures, selon un savoir-faire les rendant invisibles. Il passe ensuite aux phases de finition, par ponçage, martelage, selon l’aspect final attendu. Certaines frises en fonte d’étain, peuvent être rapportées en fin d’opérations pour parer les moulures d’un relief graphique supplémentaire.
A ces gestes traditionnels vont s’ajouter d’autres actions inédites et confidentielles, pour que l’étain puisse habiller des formes plus complexes et contemporaines.
En collaboration avec des artistes, l’atelier prépare les supports qui seront gravés à la main, peints par une succession infinie de pochoirs très fins, ou décaissés pour permettre l’insertion de nouvelles matières serties.

Pragmatisme, rigueur, précision, rationalisation des actions, répartition des tâches, sens du groupe, priment dans cet atelier, dont la cohésion tient à une bienveillance mutuelle, nécessaire à la gestation et la mise au monde d’un nouveau-né, à la paternité partagée.